Premier État musulman à Médine, Omeyyades et Abbassides

Nov 3, 2020 | Histoire, Islam

A Médine: premier État musulman

في المدينة المنوّرة ، نشأة أوّل دولة اسلامية


 

L’Islam: état et religion

Il est à noter que toutes les religions antérieures à l’islam apparurent au sein de nations où un Etat constitué existait déjà. L’Islam lui, est apparu dans une Arabie tribale non unifiée. C’est l’islam qui dota l’Arabie d’un État dont Mohammed posa la première pierre. D’où l’expression: « el islam din wa dawla ».

Le mot Umma, pratiquement intraduisible vient probablement de la même racine que Umm qui signifie « mère ». La Umma, c’est la communauté au sens le plus large du terme. « el-Umma el-islamiya », Communauté islamique n’est pas basée sur les liens de race ou de sang, mais sur la foi, l’appartenance à une même religion. C’est une communauté juridico-politico-religieuse.

La notion de « Oumma »

L‘expression « el islam din wa dawla » est traduite par L. Gardet * : « l’islam est une religion et une Cité ». Le mot cité ne nous semble pas reproduire parfaitement le mot dawla qui signifie plutôt État au sens étymologique. L’histoire même de l’islam nous incite à prendre le mot dawla au sens d’État. En effet, Mohammed n’a-t-il pas lui-même mis en place le premier État musulman ?

Durant les premiers temps de la prédication, le prophète avait été rejeté par sa propre tribu qui régnait sur la Mecque. Marginalisé, « honni » par les siens, il ne pouvait compter que sur une poignée de fidèles, dont sa première épouse Khadidja. Les premières « ayât » (versets) coraniques étaient entièrement consacrés à l’affirmation d’un Dieu Unique et à l’exhortation. Des anathèmes vigoureux étaient sans cesse jetés contre les paganistes de la Mecque avec la promesse de châtiments douloureux dans l’au-delà.
Mais dès que Mohammed fut accueilli à Médine et qu’il vit le nombre des fidèles s’accroître considérablement, il érigea une véritable Cité-Etat. Il s’attacha à l’organisation de la vie sociale entre les diverses communautés de Médine ( présence de nombreux juifs par exemple), nomma des chefs parmi les nombreuses tribus qui s’affrontaient et se mit à organiser une véritables armée destinée à défendre Médine mais aussi à livrer la guerre sainte pour propager le message divin.
Mohammed Hamidullah nous décrit minutieusement les péripéties de ce micro-état en formation, les difficultés rencontrées par le prophète pour établir la solidarité entre les diverses communautés, puis les succès politiques et militaires de l’État naissant, son organisation interne, ses prérogatives, et ses contacts avec d’autres États déjà constitués à l’époque : Yémen, Abyssinie, Égypte, Perse….
Premier état musulman à Médine
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Depuis la création du premier état musulman à Médine jusqu’à nos jours, en passant par les différentes étapes historiques qu’a connues successivement l’Islam, le mot Umma n’a jamais cessé de faire vibrer les cœurs des musulmans. C’est au nom de cette Umma que se nouent et se dénouent les liens entre les différents états arabes, les appels à la solidarité inter-arabe se font en son nom et malgré les dissensions actuelles, ce mot garde toujours un caractère quasi magique…

L’Islam est donc apparu en Arabie au 17ème siècle . Comme la plupart des religions du monde, l’évolution historique de l’islam a eu un impact significatif sur l’histoire politique, économique, et militaire dans et au-delà de ses zones géographiques primaires, formant un empire à la fois théologique, militaire, politique à haute teneur civilisationnelle.                                                                                                                                                                                  

Nouvel empire et discorde (Fitna)

Un siècle après la mort de Mahomet, un empire islamique s’est étendu de l’Océan Atlantique dans l’ouest vers l’Asie Centrale dans l’est. Celui-ci n’est pas resté unifié longtemps ; le nouveau régime a rapidement fini en guerre civile, nommée Fitna.

Le monde musulman se divisa alors en dynasties rivales réclamant le « Califat Suprême » ou la conduite du monde musulman, et beaucoup d’empires islamiques ont été gouvernés par des Califes incapable d’unifier le monde islamique.

Califat Omeyyade de Damas

Le concept du monde islamique peut être plus ou moins utile en observant les différentes périodes de l’histoire. La culture islamique encourage l’identification avec une communauté quasi-politique et humaine des croyants, l’Oumma (devenue plus un mythe, un Idéal à atteindre) et ce principe a influencé le comportement d’un certain nombre d’acteurs dans l’histoire de tout le monde arabo-musulman. L’histoire de l’islam est étroitement liée à l’histoire politique, économique, et militaire.

La fin des Omeyyades

Les Omeyyades (661-750), qui ont remplacé le califat électif des premiers temps de l’islam (632-661) par une monarchie héréditaire et qui ont fixé leur capitale à Damas, ont éveillé beaucoup de mécontentement tant parmi les musulmans que dans la masse des peuples soumis aux Arabes, et au premier chef celui de la famille du Prophète qui affirme que le pouvoir doit lui revenir. Celle-ci comprend les petits-enfants de Mahomet, issus de sa fille et d’Ali, vaincus naguère à Kerbela (680) et les descendants d’un oncle du Prophète, Abbas, qui agissent dans l’ombre.

Ayant déjà l’oreille de quelques Arabes, ces derniers envoient, dès 718, des émissaires en Iran oriental, au Khorassan, en Transoxiane, où ils pensent à juste titre être mieux accueillis qu’ailleurs. Cette agitation souterraine porte ses fruits. Chrétiens, juifs, mazdéens et musulmans convertis de fraîche date apportent leur soutien. Enfin Abu Muslim les réunit en une armée et marche sur Damas. Les Omeyyades sont massacrés et remplacés par les descendants d’Abbas, les Abbassides.

De 661 à 750, les Omeyyades (ou Umayyades بنو أمية) règnent sur un empire immense, le califat omeyyade de Damas. ِCe qui constitue une période assez courte. Il faut distinguer l’histoire des Omeyyades de Damas (par opposition aux Omeyyades de Cordoue, leurs descendants).

L’histoire du Califat Ommeyyade d’Andalousie (autonome) diffère singulièrement de celle de l’Orient. (1)

Prise de pouvoir par les abbassides

Officiellement parvenus au pouvoir en 750 les abbassides ont disparu, victimes des Mongols, en 1258. Dès le milieu du Xe siècle, ils ne sont plus souverains du monde musulman que de nom et les nouveaux maîtres ne leur laissent qu’un pouvoir spirituel assez limité, avec le prestige d’être califes, successeurs de Mahomet à la tête de la communauté musulmane, la umma. Ils ont entièrement achevé leur œuvre, mais ils l’ont si bien menée, elle est si solide, que l’impulsion donnée continuera pendant un millénaire et survivra pour l’essentiel. Outre le fantastique essor des sciences et de la culture en général, on retiendra surtout de leur règne ; le développement des sentiments religieux et la richesse, l’éclat, la pompe, la recherche éperdue des plaisirs, l’imitation des fastes romains et byzantins ainsi que ceux de l’ancienne monarchie des Perses sassanides prise comme exemple par la cour.

Les grands bénéficiaires de la « révolution abbasside » furent les Iraniens. On leur donne des gages en les plaçant à des postes de confiance, en mettant entre leurs mains les leviers de commande : on appelle les Barmakides aux fonctions de vizir, qu’ils en portent ou non le titre ; on transfère la capitale de Damas, à Baghdad.

Le rôle de la culture iranienne dans la formation de l’art et de la civilisation islamiques, quasi insignifiant à Damas, s’accroît. Le persan, détrôné par l’arabe, parvient à survivre, alors qu’en Syrie, en Iraq, en Égypte, le grec et le copte disparaissent à peu près complètement et qu’au Maghreb le berbère perd beaucoup de ses positions. Dès les IXe et Xe siècles, le persan fait son retour et il triomphe avec le chef-d’œuvre du Chah-name de Firdusi, nommé le Homère de l’Iran, mais qui en serait plutôt le Dante, parce que, comme lui, il assure l’existence d’un idiome vernaculaire face à une langue officielle et sacrée.

Dans un empire aussi étendu, les gouverneurs jouissaient d’une relative autonomie et préparaient la voie à sa dislocation. Après les règnes glorieux d’al-Mansur (754-775) de Harun al-Rachid (819-833), d’al-Mamun (819-833), d’al-Mu’tasim (833-842), celui d’al-Mutawakkil (847-861) annonce le déclin.

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M. Boudaakkar

Novembre 2020

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Notes:
 
 

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