Le cinéma iranien des origines à la révolution islamique

Nov 2, 2020 | Cinéma arabe, Civilisation arabe

Le cinéma iranien des origines à la révolution islamique

Prospective

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L’lran découvre le cinéma en 1900…

Le cinéma iranien projette l’image du monde iranien, comme le poète et philosophe Omar Khayyam répandait l’image de la culture perse sur le monde des Xe et Xle siècles. Le monde occidental peut être étonné s’il considère un seul reflet de cette complexe reproduction historique.

L’lran découvre le cinéma en 1900, lors de l’exposition universelle de Paris. Peu après, le premier cameraman iranien étudie la prise de vues à Paris avec l’appui de Mozarfardine Ghajar. L’lran se situe ainsi parmi les nations pionnières du cinéma. II y a une vingtaine d’années quelques bobines de films datant de ces débuts, ont été retrouvées, rénovées puis envoyées en France pour obtenir la meilleure qualité possible.

Pendant un siècle la production cinématographique iranienne n’a cessé de progresser. Cependant, malgré quelques succès ponctuels à l’époque du cinéma muet, les salles projettent essentiellement des films étrangers : Allemagne nazie, Inde, Etats Unis, Hong-Kong, Italie, Egypte, Grande-Bretagne, France et Union Soviétique exportent alors beaucoup. Les cinéastes Chaman, Moradi et Sepanta ne peuvent résister. Pendant cette période, et profitant de ces expériences, la première école de cinéma en Iran est créée.

A partir des années 50 les films iraniens traitent des thèmes de la vie quotidienne. Parmi ceux-ci, on peut citer La Vache de Mehrjui, L’Averse de Beyzaï, Débarras de Nasser Taghvaï, Rapport de Kiarostami, ou Hassan le chauve d’Ali Hatami, et d’autres films inspirés des oeuvres de Kamran Shirdelle, Mahamad Faroughi-Ghajar, Fourough Farok Hzad, Ebrahim Golestan, Parvize Kimiavi, Nasser Taghvaï..

A partir de 1979, l’importation de films indiens et américains, est complètement arrêtée. Quant aux autres pays, Italie et Hong-Kong, leur cinéma beaucoup moins présent sur les écrans. Désormais, la simplicité de moyens, la morale, un nouveau regard régentent le cinéma iranien : le cinéma sociologique de Mehrjui, Taghvaï, Amir Nadérie, Kimiai et Beyzaï continue, reflète la nouvelle société iranienne, la veine religieuse des premières œuvres de Mohsen Makhmalbaf atteint un niveau poétique et Tchérike tara de Beyzaï se prête à toutes les possibilités d’interprétation.

A l’issue de la guerre contre l’Irak, Ebrahim Hatamikia et Rasoul Molagholipour se sont endurcis. Mère d’Ali Hatami constitue un testament artistique qui délivre un message d’amour à la patrie. Les films pour l’enfance et la jeunesse évoluent et portent un nouveau regard sur la vie, un regard réaliste en recherche aussi de beauté : Lumineux de Bani Etemad, Jument d’Ali Jekan, et les films mystiques de Majid Majidi et Abolfasal Jailli. Dans le film Je suis Taraneh, j’ai quinze ans, les conditions de vie de la nouvelle génération sont remarquablement décrites.

Dans ce domaine, la majorité des films décrit la vie quotidienne. Le cinéma de Sohrab Shahid Saless fait dialoguer la réalité et l’imagination. On retrouve ce caractère dans les films d’Abbas Kiarostami et des jeunes cinéastes iraniens. Ce travail mêle les initiatives artistiques à une vision philosophique. Des films comme Les Passagers, Bashu, Le petit étranger, Jument, Le Cercle, Baron, Nouvelle mariée de feu, Danse de la poussière, Naissance d’un papillon sont autant de facettes de l’Iran.

Mohammad Hassan Khoshnevis – Directeur des Archives du Cinéma Iranien

Le cinéma iranien de 1930 à 1997

Un cinéma à dimension universelle

Depuis la réalisation du premier long métrage iranien en 1930 par Ogance Ohaniano jusqu’au véritable sacre du cinéma iranien lors du 50ème festival international du film de Cannes et l’attribution de la Palme d’or au magnifique film d’Abbas Kiarrostami Le Goût de la cerise en 1997, le septième art iranien a parcouru un long chemin. Le cinéma iranien a véritablement commencé sa vie et son parcours après la réalisation du premier film parlant iranien en 1949 par Ali Daryabeighi et par la suite, ce cinéma naissant a poursuivi son chemin grâce aux efforts Dr Esmaïl Kushan qui a été le véritable père fondateur du cinéma iranien. Entre 1930 et 1979, l’année de la Révolution islamique, en dépit des efforts continus des réalisateurs iraniens, seuls 650 longs métrages ont vu le jour. Après 1979 et suite à une courte période de stagnation provoquée par une série d’événements et de crises successives, le cinéma iranien renaît de ses cendres, se lançant avec une vigueur nouvelle vers une véritable reconnaissance internationale. Tout se passait comme si les iraniens avaient décidé de se servir de tous les atouts d’un héritage culturel plusieurs fois millénaire et du produit du génie des grands penseurs et poètes tels que Ferdowssi, Hafez, Sa’adi, Mawlana, etc. en vue d’exprimer leur vision du monde et de la destinée de l’homme à travers le septième art. Les tendances « humanistes », « populaires » et hautement spirituelles et poétiques du cinéma iranien ont conduit les spectateurs à travers le monde entier à rechercher dans le cinéma iranien les significations profondes des concepts de l’amour et de l’amitié, ainsi que l’essence profonde de la vie et peut-être la réponse à leurs maux et le remède à une certaine forme de lassitude et de désespoir engendrée par les aléas de la vie moderne et mécanisée qui se développe de plus en plus aux dépens des valeurs humaines. Limage de l’homme las et fatigué par la modernité qu’Abbas Kiarostami a magnifiquement mis en images dans Le Goût de la cerise ou les scènes magiques dans lesquelles Moshen Makhmalbaf (Ghandahar) ou Majid Madjidi (Baron) ou Abolfazl Jalili (Delbaran) ont su dessiner la vie des réfugiés afghans, ont offert au cinéma iranien sa véritable mission universelle !

L’accueil formidable et enthousiaste que les cinéphiles du monde entier ont réservé au cinéma iranien nous apporte, si besoin est, la preuve de cette mission universelle. La présence de 933 longs et courts métrages iraniens au cours de l’année 2002 dans différents festivals internationaux et le nombre impressionnant de 93 prix décernés aux films iraniens à travers le monde au cours de cette même année démontrent l’engouement du public mondial pour ce cinéma et cette nouvelle vision cinématographique. D’ailleurs, la production cinématographique iranienne (62 longs métrages et 952 courts métrages produits en 2001) souligne la vitalité formidable de ce cinéma. Dès lors, il ne serait nullement erroné d’annoncer que le peuple iranien a choisi le septième art comme langage privilégié du dialogue avec les autres peuples et cultures. Je suis ravi, que dans le cadre de TRAVELLING TEHERAN, les cinéphiles aient de nouveau l’occasion de découvrir, ou de redécouvrir, des chefs d’œuvres du cinéma iranien.

Par: Dr. Hojatollah AYOUBI  – Ancien attaché culturel de I’Ambassade d’Iran en France

Hadji Agha, Hadji Agha Aktore

Iran > 1932 > 1h00 > Noir et blanc > muet Réalisation, scénario Ovanés Ohanian > Image Paolo Potomkin > Interprétation Habibolah Morad, Acia Ghestanian >Source Archives du Cinéma Iranien. Hadji Agha, acteur de cinéma relate l’histoire d’un réalisateur à la recherche d’un sujet pour son film. Au cours de ses recherches, le héros s’intéresse plus particulièrement à un homme nommé Hadji Agha. Cet homme fanatique, très hostile au cinéma, est le père de la fiancée d’un des élèves du réalisateur et se refuse à faire entrer dans sa famille un tel gendre. Sa fille et son gendre trouvent un subterfuge pour l’amener sur le plateau de tournage afin qu’il se fasse filmer à son insu a Hadji Agha, acteur de cinéma surprend encore aujourd’hui par la modernité de son sujet. Ohanian y affirme son amour pour le cinéma qu’il défend comme un art à part entière et ose s’élever contre la loi coranique qui s’oppose à toute représentation humaine. Mamad Haghighat, Histoire du cinéma iranien.

La Fille de la tribu Lor [ Dokhtar e Lor]

Iran > 1933 > 2h30 > Noir et blanc > Réalisation Ardeshir Irani, Abdolhossin Sepenta > Scénario Abdolhossin Sepenta > Image Rostam Irani, Edi Irani > Interprétation: Rouhanguiz Samineyad, Abdolhossin Sepenta >Source Archives du Cinéma Iranien Djafar, un jeune inspecteur, rencontre Golnar, une danseuse de cabaret, dans un café sur la route reliant la province du Lorestan à celle du Khouzestan. La jeune fille tombe amoureuse de Djafar et lui raconte comment elle a été enlevée par des pillards, qui après avoir assassiné ses parents, l’ont forcée à travailler pour eux. Après de multiples péripéties, ils parviennent à s’enfuir, mais les bandits sont à leurs trousses. Ce film fait date non seulement parce qu’il est le premier film parlant iranien, mais aussi grâce à la qualité de sa mise en scène qui recourt, pour la première fois en Iran, à des procédés narratifs tels que le flash-back et le montage parallèle. Mamad Haghighat, Histoire du cinéma iranien

La croisière jaune

France > 1931 > l h32 > Noir et blanc > Documentaire > Beta SP Réalisation Léon Poirier, André Sauvage > Musique Emile Marcellin, Claude Delvincourt Source > Citroën La croisière jaune est une gigantesque expédition transatlantique organisée par André Citroën à travers l’Asie, de Beyrouth à Pékin, en passant par l’Himalaya et la Chine centrale. Le 28 avril 1931, une équipe française de 21 personnes composée de savants et de techniciens, arrive dans des voitures jaunes en Iran. Leur cameraman filme des calèches, le moyen de transport de l’époque à Téhéran ainsi que la vie parfois misérable des habitants, ce qui provoque une réaction immédiate de la censure qui interdit le film en Iran.

 
 

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