نشأة بيت الحكمة وازدهار الثقافة العربية – الإسلامية
Sciences et cultures sous les Abbassides
Globalement, et pour résumer à l’extrême, disons que les moments les plus forts du règne abbassides sur le plan de la culture sont :
1- la création du » beyt al-hikma » (Maison de la Sagesse)
2- l’essor fantastique des sciences dans tous les domaines connus de l’époque
3- l’assimilation massive , synthétique d’autres cultures dont notamment les cultures grecque et persanne
4- l’émergence dans le domaine littéraire à proprement parler de la prose.
Beyt al-hikma, Maison de la Sagesse (ou de la science)
L’oeuvre scientifique de l’islam avait donc commencé à la fin des Omeyyades. Elle fut poursuivie par les Abbassides et reçut une impulsion décisive quand fut fondée à Bagdad, vers 800, le Beyt al-Hikma, » la Maison de la sagesse » (ou de la Science), qui centralisa les recherches jusqu’alors dispersées. La première tâche de la Maison de la science fut la traduction systématique des textes anciens, commencée sous les Omeyyades. C’est grâce à ces traductions que maints ouvrages ont été connus en Europe, et sauvés de l’oubli. C’est grâce à elles que naquit, très tôt, la prose arabe, avec l’excellente version par Ibn al-Muqaffa (vers 721-757) des fables de l’Indien Bidpay qui seront si abondamment illustrées par les miniaturistes et parviendront jusqu’à La Fontaine qui s’en inspira abondamment. Alors seulement commença le travail créatif.
Entre cette fin du VIIIe siècle et le début du Xe siècle, les fondements de tout ce qui assurera la suprématie scientifique et culturelle des musulmans sont posés, tandis que s’affirme cette tendance très remarquable de l’esprit à l’encyclopédisme : ne pas de meurer enfermé dans sa spécialité, mais s’intéresser à tout. Les plus célèbres représentants en seront Mas’udi (mort en957), puis Biruni, le plus grand savant de l’islam (973-1050).
Certes quelques maîtres seront avant tout médecins, comme al-Razi – Rhazes – (868-vers 925), le génial précurseur d’Ibn Sina, notre Avicenne (vers 980-1037), ou astrologues comme al-Farghani (mort après 861), Abu Mas’har (mort en 886), al-Battani (mort en 929) dont l’Europe, en les étudiant, latinisera les noms en Albatenius, Alfraganus, …
Al-Khwarizmi mort aux environs de 846, est considéré comme le fondateur de l’algèbre, science que nous nommons par le premier mot de son livre al-Jabr wal-Muqabala, où le premier terme , al-Jabr, » restauration « , désigne l’opération de se débarrasser des termes négatifs apparaissant dans l’un des membres de l’équation et le second terme al-Muqabala, » opposition « , est l’opération de réduction des termes de même degré.
Le fantastique essor des mathématiques, et dans une moindre mesure celui non moindre de l’astronomie et de l’astrologie – les deux étant naturellement liées – sont rendus possibles par l’adoption des chiffres indiens, dits arabes, plus maniables que les romains pour les opérations, la découverte du zéro et des nombres négatifs.
Les études philosophiques ont déjà leurs maîtres avec le pur Arabe qu’est al-Kindi (mort vers 879) et le Turc al-Farabi (mort vers 950), l’histoire avec Tabari (835-923), la géographie avec Ibn Hauqal (mort en 977). Il faudrait mentionner les zoologues, les botanistes, les physiciens, les chimistes, pour ne pas parler des sciences appliquées à la navigation, à l’irrigation et à l’agriculture – moulins à eau et à vent -, au tissage, au cuir, à la verrerie, à la céramique, aux métaux…
Poètes et auteurs abbassides : Ibn Al-Muqaffa’
D’origine persane , il est né vers 720 de notre èere. D’origine iranienne, il embrassa l’Islam tardivement . Il rejoint Bassorah, capitale culturelle de l’époque et devient secrétaire à la cour des califes. En 757, le gouverneur de Bassorah, Sufyân Bnu Mu’âwiya décide de l’exécuter pour des raisons politiques.
Kalila wa Dimna
Il fut l’un des premiers à traduire des oeuvres persannes et Hindoues vers l’arabe et le premier prosateur de la littérature arabe. L’oeuvre qui l’a fait connaître en Occident est certainement Kalila wa Dimna (Kalila et Dimna). Il s’agit de la traduction des fables de Bidpaï. A l’origine, ces histoires d’animaux indiennes auraient été inscrites en sanscrit vers 200, puis traduite en persan et au V ième siècle en syriaque. Ibn al-Muqaffa’ réalisa une traduction en arabe vers 750. Plutôt une adaptation conforme à ses préoccupations. Premier grand prosateur de langue arabe donc, et haut dignitaire du régime, il consacra l’essentiel des ses écrits à l’éthique politique, sa conception du pouvoir et à l’adab en général, comme on le verra plus loin pour ses autres grandes oeuvres.
Sous la forme voilée de la fable, deux chacals rapportent , au long de 18 chapitres des anecdotes (à raison d’une histoires par chapitre), relatent des intrigues de cours , donnent des conseils, édictent des règles de conduites visiblement adressées aux humains. Ce recueil, destiné à l’origine à l’éducation des princes eut une audience beaucoup plus large et intéressa tous les publics lettrés de l’empire. Kalila et Dimna inspira La Fontaine. La version d’Ibn al-Muqaffa’ fut abondamment traduite, en persan, en turc, mongol, latin et inspira de nombreux écrivains. Des exemplaires, enluminés ou non, rapportés par des savants ou des ambassadeurs, enrichirent les grandes bibliothèques européennes. En 1644, une version française, réalisée à partir d’une nouvelle traduction persane du texte d’Ibn al-Muqaffa’, futpubliée par Gilbert Gaulmin. La Fontaine emprunta aux histoires de Kalîla et Dimna les éléments ou la trame de quelques-unes de ses Fables : Le Chat, la Belette et le Petit Lapin, Le Chat et le Rat, Les Deux Pigeons, La Laitière et le Pot au lait…
L’ adab
Il s’agit de la première tentative formelle de définir l’Adab. Dans ses ouvrages, Ibn al-Muqaffa’ analyse les échanges humains et s’intéresse tout particulièrement au langage, et à l’importance du silence dans l’acte de communication. Parmi ses principaux sujets de prédilection, le pouvoir et l’amitié. La réflexion d’Ibn al-Muqaffa’ s’articule autour de deux concepts clés, à savoir la raison et l’Adab.
Pour lui, la raison est une faculté innée de l’homme, mais qui nécessite l’adab pour se révéler. Son oeuvre al-Adab al-Kabîr (Le Grand Adab) s’inscrit dans le genre qui remportera un grand succès dans la littérature occidentale du Moyen-Age, à savoir celui du Miroir des Princes. Ce genre est un de ceux parmi lesquels Ibn al-Muqaffa’ se distinguera le plus. Il est l’inventeur du principe : l’auteur écrit à un destinataire réel ou fictif pour lui faire part de ses conseils dans divers domaines. (Le genre est appelé risâla : épître). Dans ses autres ouvrages ; Ibn al-Muqaffa’ traite explicitement de la politique, l’organisation a dministrative (impôts) et militaire, les institutions religieuses mais surtout du rôle du » Prince » (en l’occurrence le calife al-Mansûr) ainsi que celui de son conseiller. Il évoque aussi des problèmes sociaux tels que la corruption. Quoiqu’il en soit, la question du pouvoir reste essentielle à travers tous ses écrits.