الصيدلة والعلاج بالأعشاب في الطب التقليدي
_______________________
Par M. Boudaakkar
Baies de genièvre
De tout temps la médecines traditionnelle de la zone méditerranéenne reposait sur l’usage des plantes médicinales. En chine, des traces de l’utilisation de plantes médicinales remontent à 5 000 ans avant J.-C. En Mésopotamie et en Égypte, tablettes cunéiformes et papyrus témoignent du recours aux plantes. Dans le monde occidental, les observations cliniques des effets des plantes par Hippocrate marquèrent l’intérêt pour ces remèdes. De siècle en siècle, Théophraste, Aristote puis Pline et Dioscorides approfondirent la connaissance des plantes et de leurs propriétés. Par la suite, le développement des routes commerciales vers l’Inde et l’Asie, et surtout l’émergence de la civilisation arabo-musulmane et la diffusion de la culture arabe, enrichirent l’arsenal thérapeutique végétal. La découverte du Nouveau-Monde et de la richesse de sa flore eut aussi une incidence forte tant sur l’alimentation (pomme de terre, tomate, maïs, etc.) que sur la pharmacopée (Ipéca, quinquinas, baumes, etc.).
PHYTOTERAPIE ET PHARMACOPEE : ORIGINES ET DEVELOPPEMENTS
Il existe dans le texte coranique le nom de quelques 21 plantes citées dans différentes Sourates (chapitres) sous forme de nom de plantes ou d’espèces, dans un but alimentaire et sanitaire :
Les hadîths ne sont pas en reste, insistant notamment sur l’hygiène et la prévention, recommandant la diète et la modération dans la consommation alimentaire et l’usage des plantes réputées pour leurs effets bénéfiques. Ainsi, les laitages (notamment le lait de chamelle), les fruits (notamment les dattes et les figues), le miel et l’huile d’olive sont fréquemment l’objet d’éloges. Citons également la nigelle, le henné, le cresson alénois, le harmel, le séné…
Forts de ces recommandations, et s’appuyant sur les médecines déjà existantes (grècques, persannes, chinoises…) les médecins musulmans vont développer la phytotérapie avec une pharmacopée conséquente et selon des critères scientifiques (expérimentation, quantification, modifications, composition de mélanges…).
Au VIIème siècle, les savants arabes et persans comme El Razi et Ibn Sina (Avicenne) améliorent et développent considérablement l’héritage grècque ( mais aussi persan et chinois) qu’ ils baptisent médecine unani (de yûnânî qui veut dire grec en arabe). Leurs travaux, consignés dans des œuvres complètes comme « Le Canon de la médecine », ont permis de grandes avancées dans les domaines des maladies mentales, de la chirurgie et de l’obstétrique. Les Arabes vont successivement introduire leur médecine en Espagne – plusieurs écoles de médecine furent créées à cette fin, dont celle de Montpellier – puis en Asie. Aujourd’hui, de nombreux instituts, hôpitaux et dispensaires dédiés à la pratique de cette médecine voient le jour en extrême Orient, en Asie centrale, mais aussi en Australie et en Nouvelle-Zélande. Voir notre article : https://dilap.com/culture-arabe/la-medecine-arabe-au-moyen-age/
Selon la médecine unani, la maladie est la réponse de l’organisme à un déséquilibre entre la chaleur et l’humidité de certains de ses organes. La thérapie prescrite doit rétablir cette harmonie. Les médicaments doivent être exclusivement de source naturelle, afin d’éliminer les effets secondaires. Et privilégier les remèdes végétaux aux remèdes d’origine minérale ou animale.
Dans le respect de ces principes,le thérapeute élabore des remèdes qui s’attaquent avec précision aux causes des malaises visés pour en supprimer les effets. Il ne s’agit nullement de remèdes à usage générique, mais bien de produits ciblés dont seule la posologie permet le passage d’une approche curative à une approche préventive.
QUELQUES CAS DE MALADIES COURANTES ET DE REMEDES ADAPTES
Tension artérielle
Pour réguler la tension artérielle et le système circulatoire il faut nourrir le muscle cardiaque pour le fortifier, améliorer la résilience des artères, la circulation cervico-cérébrale et réduire le taux de cholestérol. Pour y parvenir le thérapeute utilise la synergie de six plantes qui vont agir chacune de manière très ciblée :
- de la lavande : antispasmodique et hypotenseur,
- du cerisier commun : diurétique,
- du coqueret alkékenge : favorise la circulation du sang,
- de l’angélique : tonique, stimulante,
- du boldo : favorise l’évacuation de la bile et permet au système hépatique de mieux fonctionner et de jouer correctement son rôle de filtre du système sanguin,
Le organes vitaux et émonctoires
En nettoyant les organes vitaux et les émonctoires (foie, rate, pancréas, vésicule biliaire, reins), on optimise leur fonctionnement et on leur permet de travailler dans de bonnes conditions de température et d’humidité en évitant le sur-régime. Pour dynamiser les organes filtres, augmenter la diurèse, dissoudre et éliminer les calculs, on préconise un phyto-complexe :
- de paliure australe : astringente, diurétique,
- d’impératoire ostruthium : stomachique et antispasmodique,
- de pied de chat : cholagogue, favorise l’évacuation de la bile, astringent,
- d’achillée millefeuille : hypertrophie du foie, insuffisance biliaire,
- de livèche : diurétique, dépuratif,
- de myrtille : insuffisance hépatique.
La prostate
Pour réduire l’inflammation et l’hypertrophie de la prostate ainsi que les gênes qui en découlent, il est recommandé de rétablir la température idéale de fonctionnement de l’appareil urinaire et des reins. Le remède doit avoir à cet effet des propriétés anti-inflammatoires doublées de vertus décongestives. Et être doté d’un effet hormonal anti-androgène afin d’inhiber l’enzyme et les hormones responsables de l’hypertrophie et diminuer significativement et progressivement le volume de la prostate. Pour y parvenir, le thérapeute préconise une préparation phyto à base :
- de prunier d’Afrique : améliore l’hypertrophie bénigne de la prostate, stimule la sécrétion prostatique et améliore l’élasticité de la vessie,
- de figuier de Barbarie : hyperplasie bénigne de la prostate,
- d’ortie : dépurative,
- de boldo : diurétique,
- d’achillée millefeuille : incontinence urinaire,
- de myrtille : antiseptique urinaire.
iIl s’agit de rétablir la température du système digestif, réduire les inflammations des tissus articulaires et dissoudre et évacuer les cristaux d’acide urique ou de calcaire localisés au niveau des articulations. Pour cela, un complexe de plantes composé :
- de prêle des champs : reminéralisant puissant, anti-inflammatoire,
- de jasmin étoilé, de mûrier blanc et de rose multiflore : ces trois plantes ont la vertu de calmer les douleurs articulaires et de réduire les inflammations,
- de liquidambar : anti-rhumatismal, anti-goutteux,
- d’éleuthérocoque : reconstituant, anti-inflammatoire,
- de griffe du diable : anti-inflammatoire, anti-rhumatismal.
LA PHYTOTERAPIE ET SA PHARMACOPEE DEVIENNENT… « MEDECINE DES PAUVRES » !
Parallèlement aux autres branches de la médecine, la phytotérapie et sa pharmacopée ont continué leur développement tout le long de l’»âge d’or de la civilisation arabo-musulmane ».
Bien que les recherches en matière de médicaments « à base de minéraux » aient connu une expansion importante grâce aux progrès des recherches en chimie, la phytotérapie a gardé une place privilégiée au sein de la médecine « arabe » du fait notamment de l’expansion de l’empire vers des contrées géographiquement éloignées avec des climats et donc des végétation différentes, mais aussi grâce à la relative disponibilité des plantes, souvent accessibles librement, à l’état sauvage…La cueillette, la migration et les techniques de reproduction de ces végétaux étaient encouragées par les autorités, voire subventionnées ou récompensées quand il s’agissait d’importer certaines et de réussir à les cultiver sous des climats différents moyennant quelques accomodements techniques en matière agraire.
Il était courant à l’époque que les savants soient « polyvalents » : ils touchaient un peu à tout et pouvaient passer aussi bien des sciences du langage qu’à la théologie, l’astronomie, les mathématiques ou la médecine. Nombre d’entre eux s’y sont essayé avec des apports non négligeables sans pour autant figurer parmi les grands noms qui ont marqué cette discipline. La phytotérapie étaient pour eux à la fois une nécessité pour se soigner soi-même et une sorte de loisir, voire de passion, un peu à la manière des collectionneurs en tout genre, qui rivalisent pour obtenir et exhiber les meilleurs pièces (ou espèces en l’occurrence).
Cette tradition, s’est même « démocratisée » dirions-nous aujourd’hui, pour gagner les couches populaires au cours des siècles, tant l’accès aux plantes avec leurs différentes espèces et provenances étaient à la portée des bourses les plus modestes : les souks, dans tous les pays de l’empire regorgeaient de plantes médicinales à proprement parler ou tout simplement comestibles et réputées bonnes pour la santé en tant qu’aliments. La plus modeste échoppe (et ce, jusqu’à nos jours) pouvait avoir son « rayon pharmaceutique » pour clients avisés !
Puis la civilisation arabo-musulmane a connu ses heures de crise, de conflits internes, de morcellements et enfin de décadence à l’instar de toutes les autres civilisations. Les sciences et le savoir en général allaient passer en Occident, suivis par le développement des technologies et l’émergence de nouvelles puissances économiques et militaires.
Une longue nuit de plusieurs siècles allait s’installer, avec l’arrivée de l’empire Ottoman, suivis des colonisations britanniques et françaises.
La médecine en général et toutes les autres sciences allaient connaître une régression sans limites notamment au sein des couches les plus défavorisées, laissant la place aux approximations, déformations, mauvaises manipulations (involontaires ou non), voire à la charlatanerie et autres escroquerie pseudo-scientifiques. La phytotérapie, de par nature fragile et apte aux manipulations en a fait les frais.
Il aura fallu attendre le « sursaut historique » de la Renaissance Arabe, puis l’éveil des nationalismes suivis de la décolonisation, pour voir les sciences médiévales arabes enrichies des immenses apports occidentaux retrouver leurs lettres de noblesse avec un enseignement et une diffusion conséquente grâce aux moyens modernes et à la généralisation de la scolarisation (en principe obligatoire et gratuite).
AUTRES PLANTES CONSEILLEES:
* Photographies: Ali Bouchemla (Kabylie)
___________________________________________________________________________________________
Bibliographie
AR-RAZI (1996) Guide de médecine nomade, Ed Sindbad, Traduction El-Arabi Moubacheir.
Le Coran
IBN SINA AL-QUANUN fi al-tibb (1593) Ed El Maaref, Beyrouth.
ISSA A. (1981) Dictionnaires des noms de plantes, en latin, français, anglais et arabe, Ed Dar-Al Read Al-Arabi.
LECLERC L. (1871) Histoire de la médecine arabe, Tome I.
SAVAGE-SMITH E. (1997) Encyclopédie de l’histoire des Sciences Arabes, Tome II, Ed Centre d’Etude de l’Union Arabel. THORAVAL Y. (1995) Dictionnaire de civilisation musulmane