La langue arabe, dans sa forme classique, est une langue à flexion, mais sa syntaxe n’est pas purement casuelle , elle est également positionnelle. L’arabe dit « moderne », langue de communication, avec l’appui puissant des médias modernes internationaux, se caractérise essentiellement par l’écart croissant avec la langue « classique », aussi bien à l’oral qu’à l’écrit.
Les marques casuelles sont résiduelles et ne jouent plus un rôle essentiel dans la syntaxe de la phrase, qui tend à être presque exclusivement positionnelle. On peut dire qu’en gros, les marques casuelles sont redondantes. De ce point de vue, l’évolution langue standard classique – langue standard moderne est parallèle à celle qui a produit les dialectes arabes y compris dans leur état ancien. Cette question, rarement reconnue dans le monde arabe, dépasse largement le cadre de l’enseignement, auquel nous nous limiterons ici.
L’enseignement de l’arabe dans le secondaire en France vise essentiellement l’acquisition de compétences en arabe moderne, registre immédiatement accessible et fonctionnel pour nos élèves. L’enseignement d’une langue en constante évolution exige des méthodes d’enseignement adaptées et entraîne nécessairement l’abandon des stratégies anciennes, largement pratiquées encore dans les pays arabes où les enjeux, il est vrai, sont différents. Les programmes d’enseignement de l’arabe LV1 énumèrent ce qui doit être vu en matière d’i‘râb.
En classe de sixième, « la déclinaison à trois flexions casuelles : cas sujet, cas direct, cas indirect » ainsi que « la déclinaison de ’abû et ’akhû » font partie des compétences grammaticales passives que doivent acquérir les élèves.
Logiquement nous retrouvons en compétence active pour le cycle central ces mêmes notions, auxquelles s’ajoute la déclinaison des pluriels externes ; en compétence passive, on voit la déclinaison des diptotes , que nous retrouvons en compétence active en troisième. En LV2, la déclinaison à trois flexions casuelles (cas sujet, cas direct, cas indirect), la déclinaison de ’abû et ’akhû et la déclinaison des pluriels externes font partie des compétences grammaticales passives en quatrième, et deviennent compétences actives en troisième.
La déclinaison des noms à dernière radicale /w/ ou /y/ aux deux genres, aux trois nombres, indéfinis et définis, et la déclinaison des diptotes devant être vus en compétence passive uniquement. On ne traitera ici que de l’i‘râb comme flexion des noms (déclinaison), à l’exclusion de l’i‘râb des verbes qui pose d’ailleurs des problèmes de même nature (réalisation de la voyelle d’i‘râb devant un pronom suffixe..). La frontière entre les deux états de la langue – classique et moderne – est floue, fluctuante et de nombreux classicismes survivent et peuvent surgir dans un discours (écrit ou oral) contemporain.