correspondances graphème-phonème: la lettre et le son
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Rôle fondamental des consonnes
L’écriture arabe ne note en principe que « le corps de la lettre », c’est à dire le graphème de base et le ou les points qui peuvent l’accompagner. Ces lettres sont des consonnes , sauf trois qui représentent des voyelles longues (alif = ا = â, wâw = و = û, yâ = ي = î). A ces voyelles longues qui sont donc des lettres inscrites dans l’alphabet correspondent des voyelles brèves diacritiques .Signalons immédiatement que les points diacritiques éventuels, contrairement aux voyelles brèves consonantiques sont obligatoires et font partie du corps de la lettre. Nous insistons sur cet aspect parce que les points , c’est ce qui distingue les principaux graphèmes qui ont de fait le même tracé de base . Exemples:
bâ, tâ thâ | ب ت ث |
jîm,, hâ, khâ | ج ح خ |
sîn, shîn | س ش |
Le Français ne contenant que quelques rares lettres à point, les apprenants francophones ont tendance à plus ou moins négliger les points en arabe. Or, la moindre négligence peut rendre le mot illisible, ou pire, lui donner un sens autre par rapport à un autre mot dont les graphismes de base sont identiques.
L’arabe est une langue sémitique, type de langue pour lequel les consonnes sont fondamentales. La sémantique est avant tout portée par le « corps de la lettre de base ». Il existe, comme nous l’avons vu trois voyelles longues qui sont des lettres à part entière intégrées dans l’alphabet. On dit que l’Arabe est une langue riche en consonnes et pauvre en voyelles. Celles-ci sont peu variées et indiquent, par rapport à ce squelette de consonnes, des variations grammaticales, ou des variations sémantiques au sein d’une même famille de mots. en somme, les voyelles longues (lettres) ou brèves (signes diacritiques), donne chair à la lettre ou au mot et l’anime… Ceci explique que les voyelles brèves peuvent souvent être élidées dans le discours parlé, que ce soit à l’intérieur des mots, ou dans les suffixes grammaticaux. Mais inversement, ces voyelles même faibles sont fondamentales pour comprendre la grammaire et l’orthographe de l’arabe classique.
« Le son articulé forme seul une véritable syllabe ; mais il faut observer que, dans un son articulé, l’articulation précède toujours le son. Cela ne peut être autrement, puisque l’articulation dépend d’une certaine disposition des parties de l’organe , et que ces parties, disposées d’une manière convenable, ne sont mises en jeu que par l’émission de l’air qui leur fait violence pour s’échapper et pour former un son. De là il suit que toute articulation doit être suivie d’un son ; et que, par conséquent, il ne peut y avoir plusieurs consonnes de suite sans l’interposition d’une voyelle. » (Sacy, grammaire arabe, §79).
Syllabes courtes et longues
Dans ce système essentiellement consonantique, il ne peut pas y avoir de voyelle « nue » ; une voyelle se rattache toujours à une consonne initiale. Ensuite, la voyelle étant émise, elle peut s’éteindre sans complément, ou au moyen d’une « consonne » secondaire servant d’arrêt ou de complément. L’arabe distingue ici entre les « syllabes courtes », formées simplement par une consonne et une voyelle, et les « syllabes longues », qui sont fermées par une « consonne » secondaire. En outre, une syllabe peut être « longue » parce que la voyelle émise porte elle-même un accent de durée.
« Chaque syllabe commence en arabe par une consonne. On distingue les syllabes en syllabes simples et syllabes mixtes. Une syllabe simple (ou ouverte) est formée d’une consonne et d’une voyelle (qui peut être longue, c’est-à-dire suivie d’une lettre de prolongation). Une syllabe mixte est composée d’une consonne, d’une voyelle, et d’une autre consonne marquée d’un djezma (ــ Il n’y a pas en arabe de syllabe qui commence par deux consonnes sans l’intermédiaire d’une voyelle. » (Schier, grammaire arabe (1862), §12).
Les syllabes en arabe seront finalement de trois types :
- Syllabes courtes, ouvertes, formées d’une consonne suivie d’une voyelle courte ;
- Syllabes longues fermée par une consonne « normale », sans voyelle propre ; dans ce cas la consonne est rattachée à la syllabe qui la précède.
- Syllabes à voyelle longue, considérées comme fermées par une « lettre de prolongation », qui donne un caractère allongé à la voyelle qui précède, et s’accorde à cette voyelle : ya ﻱ pour prolonger un « i » ; wâw ﻭ pour un « u », et alif ﺍ pour un « a ».
La syllabe « fermée », ou « artificielle », est formée d’une consonne, de la voyelle attachée, et d’une autre consonne qui ne porte aucune voyelle mais un signe (ــْـ) nommé soukoun (سـُكـُون), c’est-à-dire repos, ou silence. Une lettre marquée d’un soukoun est dite « en repos » ou « quiescente ». De ce fait, dans l’enchaînement de syllabes, le soukoun ne reflète pas réellement la succession de deux consonnes, mais bien l’enchaînement d’une syllabe fermée avec la suivante.
Classification et nomenclature
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Occlusives | Emphatiques | Fricatives | |||
Labiales | ب | ف | |||
Inter dentales | ظ | ذ | ث | ||
Dentales | د | ت | ض | ط | |
Sifflantes | ص | ز | س | ||
Palatales | ج | ش | |||
Vélaires | ك | غ | خ | ||
Uvulaire | ق | ||||
Pharyngales | ع | ح | |||
Glottales | ‘ | ء | ه |
Interdentales
ث . Fricative sourde, se prononce comme le th anglais de thing. Dans les dialectes : – réalisée f dans les parlers bédouins et les parlers « conservateurs » (Tunisie, Irak ..). – t en Algérie et au Maroc et selon les régions. – T ou s en orient ( s généralement dans les emprunts récents au standard). ذ fricative sonore, se prononce comme le th anglais de that. Dans les dialectes, même distribution que ث : – v dans les parlers bédouins et les parlers conservateurs – d en Algérie et au Maroc ( selon les régions). – d ou z en Orient ( avec la même distribution que ci-dessus). ظ fricative sonore emphatique. Presque toujours réalisée en standard en dialectal : – Comme un d au Maroc et certaines régions d’Algérie – Comme un z (emphatique du z) en orient. Cette emphatique est dans l’ensemble du Maghreb souvent confondue avec ض et vice-versa tant à l’oral qu’à l’écrit.
Dentales
ت | (parfois réalisé comme le ts de tsé-tsé au Maroc) |
د | Comme les sons correspondants en Français |
ل | Comme les sons correspondants en Français |
ن | Comme les sons correspondants en Français |
ط | Occlusive sourde emphatique |
ض | Occlusive sonore emphatique. Totalement confondue en Arabe standard ( accent régional) et en Arabe dialectal avec le V ( Irak, parlers bédouins. Au Maghreb et dans beaucoup de régions, confondue avec le ظ ). |
ر | Vibrante sonore. R roulé comme en Espagnol ou Italien. |
Sifflantes
س | Comme les sons correspondants du Français |
ز | Comme les sons correspondants du Français |
ص | Fricative emphatique sourde ( emphatique du s). Exceptionnellement réalisée comme z dans certains dialectes d’Orient , mais jamais en Arabe standard. Souvent confondue dans les parlers maghrébins avec س selon son emplacement dans le mot et l’influence des lettres qui la précédent ou la suivent. |
ش | Comme ch français de chat |
ج | Comme j de jamais. Dans les dialectes et en standard (accent régional) : réalisé dj (affriquée sonore) en Algérie, au Yémen et dans certaines régions d’Orient. réalisé g ( comme dans gâteau ) en Egypte . |
ي | Comme y en Français de payé |
Vélaires
ك | Comme le k français. Réalisé comme tch de kitchenette dans les dialectes bédouins d’Orient. |
خ | Fricative sourde, comme le j espagnol ( jota) ou le ch allemand de Nacht. |
غ | Fricative sonore, comme le R parisien grasseyé, jamais confondu avec le R roulé. |
Uvulaires
ق | Occlusive sourde : l’articulation se fait avec le dos de la langue contre la luette. Dans les dialectes : au Maghreb souvent réalisé g comme le g de gâteau. (parlers ruraux ou influencés par les parlers ruraux). – En Orient, réalisé g dans les parlers bédouins, q dans les parlers ruraux, et ‘ dans les parlers citadins. |
Pharyngales
ح | Fricative sourde. |
ع | Fricative sonore. |
Glottales
ه | Fricative sonore : h expiré , proche du h anglais have. |
ء | Occlusive sourde : Ressemble à l’attaque vocalique en Allemand ( Atem) |