A l’origine, le texte sacré
0n a vu que Mohammed ne fut pas que le transmetteur du message divin, mais aussi chef politico-militaire et législateur. Les sourates médinoises abondent en versets sur l’organisation communautaire, sa hiérarchie, les droits des uns et des autres…
Ce sont justement ces dernières qui nous intéressent le plus ici, car c’est à partir d’elles et des nombreux versets « à caractère juridique » qu’elles contiennent , que l’Islam va édifier l’ensemble des lois qui s’appliquent à la communauté.
Ces sourates et les autres sont la base du droit musulman actuel. Bien sûr, les écoles sont nombreuses, les interprétations différentes, parfois franchement opposées, mais le texte sacré est toujours le plus sollicité en matière de droit.
L’Islam n’a pas admis une puissance pontificale, hiérarchisée qui légifère en matière de droit religieux. La mosquée n’a pas du tout le même rôle que l’église. Elle n’est qu’un lieu de culte indépendant, autonome. Elle est surtout un lieu de rencontre et de concertation entre les membres de la communauté. L’imam n’a pas d’autre pouvoir que celui de guider la prière et celui que lui confère son savoir personnel en matière de religion et de droit. Il conseille, il n’ordonne pas ; il n’a aucun pouvoir sur les personnes.
Ceux qui peuvent légiférer sont les Ulémas ( Docteurs de la Foi ), canonistes indiscutés qui ont prouvé leur parfaite connaissance du Coran et leurs capacités d’exégèse. Toute question compliquée est cautionnée après un consensus obtenu des différents Ulémas.
L’existence d’un livre sacré au sein de la communauté, revêt une grande importance, car elle marque profondément la vie du musulman. La sensibilité individuelle et collective s’en trouve fortement imprégnée. En effet, le Coran influence profondément les hommes dès leur plus jeune âge. Employant une langue hautement perfectionnée, il fascine aussi bien celui qui le récite que celui qui l’écoute. Lire, psalmodier et écouter le Coran relève d’un véritable exercice d’envoûtement.
Evolution du droit et adaptations progressives
Bien entendu, cet ordre des choses ne pouvait pas ne pas évoluer au fil des vicissitudes de l’histoire. Durant toute la période de la durée de l’empire musulman y compris celle de la domination ottomane, le droit appliqué n’a cessé d’évoluer selon les circonstances et les besoins socio-politiques du moment et selon les régions et les pouvoirs établis.
Mais les changements les plus notoires apparaissent surtout après la colonisation et le morcellement du monde arabo-musulman en plusieurs pays artificiellement crées selon les besoins des deux grandes puissances coloniales de l’époque: La France et la Grande-Bretagne.
L’introduction progressive du droit napoléonien (d’abord en Egypte), puis son application qui n’allait pas sans difficultés ni résistances allait sérieusement modifier la donne, en aboutissant -très schématiquement- à un mélange de droit musulman et de droit occidental.
Cette question du choix des sources est toujours d’actualité et les législations des différents pays oscillent encore entre la nécessaire préservation du socle juridique islamique profondément ancré dans les traditions et les mentalités et le besoin d’ouverture vers le monde extérieur et les exigences de la modernité.