L’Oranie, une destination peu connue
________________________
Par Ali Bouchemla
Ex-cadre Sonatrach
suite à une annonce d’une agence de voyage de Sétif qui organisait un séjour touristique en Oranie j’ai pris contact avec les organisateurs et on a convenu qu’ils m’embarquerait aux relais routier de l’autoroute à Lakhdaria (ex-Palestro) aux environs de minuit. Le bus arriva à l’heure convenue, les passagers, qui étaient une vingtaine descendirent tous pour une courte pause puis le départ fut donné. Prochain arrêt: Ain Defla pour une pause café; deux heures et demi plus tard l’escale fut atteinte.
Découverte de la ville de Ain Temouchent
Après une demi heure de pause café et l’occasion de se dégourdir les jambes, on a repris le voyage. Prochaine étape, Mohammedia (ex Perrégaux) qui fut atteinte avec les premières lueurs de l’aube. C ‘était le moment de prendre un petit déjeuner café au lait avec des croissants et un petit café noir histoire de bien se réveiller. Une demi heure plus tard le bus a repris la route pour notre destination finale Ain Témouchent.
Ce n’est que vers les coups de 8H30 que le bus s’arrêta devant l’hôtel, lieu de notre résidence situé en plein centre ville. Une fois dans la chambre mes réflexes d’ancien hôtelier s’éveillèrent me poussant à faire une inspection générale de la chambre: rien à dire tout était nickel, j’ai même poussé mon check up à renifler les draps et les serviettes. Avec mon odorat de canidé j’ai senti une bonne odeur de lessive signe que les draps n’avaient pas été utilisés et que la mise à blanc s’était faite dans les règles de l’art. Une fois rassuré sur l’hygiène des lieux je n’ai pas tardé à piquet un petit somme pour compenser la fatigue du voyage.
Après un petit somme je suis sorti à la découverte de la ville d’Ain Témouchent. Je fus agréablement surpris par sa beauté: les rues sont très larges arborées de ficus centenaires; la touche architecturale française y est encore bien présente. On sent que la ville était vraiment opulente du temps de la colonisation mais là, rien d’étonnant quant on voit les innombrables fermes coloniales qui se dressent toujours dans la région et qui s’adonnaient à la viticulture. Les nombreuses caves attestent de cela, c’était du temps où l’Algérie produisait 20 millions d’hectolitres de vin. Contrairement à beaucoup de petites villes algériennes, ici le centre ville n’a pas changé; le changement s’est opéré à l’extérieur où beaucoup d’immeubles sont apparus.
la place du 9 Décembre là où débutèrent les fameuses manifestations de Décembre 1960 qui allait gagner tout l’Algérois.
L’église située en plein centre est devenue mosquée mais n’a fait l’objet que d’une transformation sommaire; l’aspect extérieur est resté inchangé mise à part la la croix du clocher. Mais le signe de la croix est encore visible sur les murs. Après ce petit tour d’horizon je me suis trouvé au marché. Les fruits et légumes sont bon marché par contre j’étais surpris par cherté des sardines: 1000 DA le kilo alors que chez nous elle faisaient 400 DA.
Pourtant la ville n’est distante que d’une trentaine de km de Beni Saf un grand port de pêche. Agréable surprise, j’ai trouvé des figues de barbarie qui se vendaient 1O DA pièces, épluchées, j’en ai consommé une dizaine.Chez nous en pleine Kabylie, elles n’étaient pas encore mûres. Retour à l’hôtel en attendant la sortie à la plage de Rechgoune prévue vers 15H.
Découverte de Tlemcen
Après le diner pris dans l’hôtel il a été convenu que le départ pour Tlemcen se fera à 8h du matin. Peu avant l’aube, je me suis réveillé transi par le froid car j’avais réglé la clim à 22° . J’ai vite fait de l’arrêter pour pouvoir me rendormir. Le matin, après un copieux petit déjeuner, tous le monde était prêt pour départ vers Tlemcen distante 65 KM de Ain Témouchent. Destination les fameuses grottes de Beni Add.
Personnellement je n’étais pas très enthousiaste à l’idée de cette visite car pour moi toutes les grottes se ressemblaient avec des stalagmites et des stalactites, de l’humidité et la sensation d’être enfermé. La phobie des claustrophobes. Il y a quelques années j’avais assisté à une scène où une femme avait piqué une crise de claustrophobie dans la grotte féerique d’AOKAS à Béjaia. La pauvre, elle s’était mise à hurler!
Mais la grotte de Beni Add c’est vraiment autre chose: en plus des stalagmites /stalactites ce qui m’a impressionné c’est son immensité. Sa voûte était aussi haute que celle d’une cathédrale avec une certaine majesté. Finalement, ce n’est pas pour rien que cette grotte soit classée deuxième plus grande grottes au monde: ses galeries s’étendent sur des dizaines de kilomètres! Tout compte fait cette grotte vallait bien le déplacement et je suis amplement satisfait de la visite. Après avoir acheté quelques bibelots souvenirs, on a pris la direction des cascades d’El Ourit: rien d’extraordinaire , sinon un mince filet d’eau qui tombe dans une sorte d’immense marmite de géant formant une piscine naturel je ne fus pas très subjugué je trouve que les cascades des gorges de Lakhdaria (Palestro) sont plus belles même si elle ne sont pas aussi connues.
la visite des cascades terminée, direction la mosquée de Mansourah à Tlemcen ou plutôt du minaret car de la mosquée il ne reste que le minaret qui se dresse toujours avec quelques pans des murs de l’édifice.
Cette mosquée serait l’œuvre d’un sultan mérinide venu conquérir la ville de Tlemcen et comme siège de la ville a perduré des années le sultan mérinide avait bâti dans la périphérie de la ville assiégé un village baptisé Mansourah (la Victorieuse) en arabe, avec sa mosquée dont il ne reste que le minaret. Pour la petite histoire le sultan n’a pas eu sa victoire et Tlemcen n’était pas tombée. Après la visite du site direction l’esplanade de Lalla Setti qui est un vaste promontoire dominant la ville de Tlemcen. Beaucoup de travaux ont été réalisés sur ce site à l’occasion de l’Année de la Culture Arabe que Tlemcen avait abritée. Parmi ses travaux, la construction d’un hôtel 5 étoiles et d’un téléphérique reliant la ville à cette esplanade qui offre un échappatoire pour les tlemcéniens les nuits d’été.
Tlémcen, télécabine touristique
Maghnia: frontière algéro-marocaine
De retour à l’hôtel et durant le dîner il a été convenu que pour la visite d’Oran le départ se fera à 9H. Le lendemain à l’heure dite tout le monde était présent et prêt pour le départ. Oran la plus grande ville d’Algérie après Alger surnommée El Bahia, (la Belle), connue pour son esprit libertin et surtout pour la musique RAI dont elle est sans conteste la capitale.
Après une 1H 30 de voyage nous voici à Oran. C’est une cité que je connais très bien pour y avoir travaillé pendant une année dans les années 80. Le centre ville n’a quasiment pas changé et l’essor de la ville s’est fait surtout à la périphérie vers l’est et le sud. Le premier lieu à visiter c’est le fort de Santa Cruz bâti par les espagnols vers la fin du 16ème sur le mont Murdjadjo qui domine la ville d’Oran en offrant une vue imprenable sur toute la région. Ce fort a connu d’âpres batailles avant d’être conquis définitivement en 1790 et partiellement détruit par la suite .
Au dessous du fort se trouve la chapelle de Santa Cruz construite par les français en 1850 pour conjurer une épidémie de choléra à Oran. La visite de ces lieux s’étant faite au pas de charge nous voici de retour dans la ville pour voir la cathédrale d’Oran aujourd’hui bibliothèque municipale et la célèbre place d’armes d’Oran. La mairie où trône deux immenses lions en bronze qui sont l’emblème de la ville. A l’intérieur de la cathédrale je fus surpris par les lieux: la même atmosphère des églises y règne toujours et pour cause aucune transformation n’a été faite mise à part la présence d’étagères remplies de livres; les croix, les vitraux ainsi que l’autel sont toujours là. Après cette visite on s’est dirigé vers le centre pour voir le fameux « studio Disco-Maghreb » qui a permis l’essor de la musique Rai. Ce studio a connu une certaine célébrité après la visite du président Macron.
La ville de Mostaghanem