Zanzibar (Zinjî barr) terre d’Islam ?
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L’Île de Zanzibar, aujourd’hui en territoire « Tanzanien » est connue comme le paradis tropical de l’Afrique et particulièrement comme « l’île des épices », offrant des plages parmi les plus belles du monde. Des kilomètres et des kilomètres de plages de sable blanc parsemées de palmiers, entourées de l’eau claire et azurée de l’océan indien.
Zanzibar fait partie de l’archipel de Zanzibar avec l’île de Pemba et de nombreuses autres petites îles. L’île de Zanzibar offre une vie de plage décontractée, mais aussi une grande variété d’activités et surtout une culture colorée et une histoire profonde.
C’est justement à partir de cette histoire, riche et mouvementée que l’on va voir comment Zanzibar, bien qu’intégrée au nouveau pays créée après décolonisation – la Tanzanie – est bien une entité distincte sur pratiquement tous les plans et représente, à l’intérieur du nouvel du nouvel ensemble une sorte d’Etat fédéré, ou autonome…
Le mot Zanzibar vient du persan , puis de l’arabe : « zinjî barr » : zinjî signifiant « noir » de peau et barr , terre ou territoire. On pourrait traduire donc par « Terre des Noirs » ou « Pays des noirs ».
Les commerçants d’Arabie, de Perse et d’Inde ont probablement commencé à arriver à Zanzibar au cours du premier siècle de notre ère, en traversant l’océan à la faveur des vents de la mousson. De riches villes portuaires ont commencé à se développer le long de la côte, et un grand port abrité a été construit dans l’actuelle ville de Zanzibar.
Les îles elles-mêmes n’offraient pas beaucoup de ressources aux commerçants de l’époque, mais Zanzibar était un excellent point de départ pour le commerce maritime et l’exploration de l’Afrique de l’Est. C’était également une étape parfaite pour les commerçants en route vers l’Asie, le Moyen-Orient et l’intérieur de l’Afrique.
Finalement, certains commerçants surtout perses ont commencé à s’installer définitivement dans l’actuelle Stone Town, et leur influence sur l’architecture, la cuisine, et la culture de Zanzibar est encore perceptible. On pense que des commerçant du Yémen ont construit la plus ancienne mosquée de l’hémisphère sud dans le village de Kizimkazi sur la côte sud de Zanzibar, après qu’une inscription sur un mur de la mosquée ait été trouvée avec l’année 1107 !
Vasco de Gamma et la période portugaise
Vasco de Gamma, un explorateur portugais qui était le premier Européen à atteindre l’Inde par la mer, est arrivé à Zanzibar en 1499 ; Avec son arrivée, la culture européenne s’est introduite dans les îles, et Zanzibar intégrée officiellement à l’Empire portugais quelques années plus tard. Longtemps, les Portugais ont gouverné à distance et les relations entre les dirigeants de Zanzibar et le pouvoir portugais étaient largement fondées sur l’assistance mutuelle.
Les habitants de Zanzibar ont plus d’une fois aidé les Portugais à attaquer la ville côtière de Mombasa au Kenya, et en 1571, le roi de Zanzibar a même déclaré son intention de faire don des îles à ses alliés portugais en remerciement de leur aide pour repousser les nombreux envahisseurs du continent, mais le don ne s’est jamais réalisé. Les Portugais ont également établi une usine de commerce et une mission chrétienne sur le site de l’actuelle ville de Zanzibar, et certains Portugais se sont installés sur les îles comme agriculteurs.
Zanzibar sous domination omanaise : le règne des sultans
En 1698, Zanzibar tombe entre les mains des souverains arabes d’Oman qui prennent Mombasa aux Portugais. La richesse de Zanzibar s’accroit avec le commerce de l’ivoire, des esclaves, ainsi que les exportations de clous de girofle…
Stone Town devient l’une des villes les plus riches et les plus grandes d’Afrique de l’Est. Les commerçants d’Arabie, de Perse et de l’Inde arrivaient à Zanzibar au gré des vents de la mousson pour vendre du fer, du sucre, des tissus, et des dattes. Lorsque les vents changeaient, ils rentraient chez eux avec leurs bateaux remplis d’écailles de tortues, de clous de girofles, de noix de coco, de riz, d’ivoire et d’esclaves.
- Le sultan déplace sa capitale de Mascate, dans le Sultanat d’Oman, à Stone Town, où il a établi une élite omanaise dirigeante, augmenté la taille des plantations de girofliers (qui étaient travaillées par des esclaves ramenés d’Afrique de l’Est) et encouragé les commerçants indiens à s’installer sur les îles.
A cette époque, le commerce d’esclave était en plein essor, avec environ 50 000 esclaves passant par les îles chaque année. En 1822, les Britanniques ont signé le premier d’une série de traités avec le sultan pour tenter de mettre un terme à cette pratique. Sous la forte pression britannique, le commerce des esclaves à Zanzibar a été officiellement aboli en 1876 ( bien qu’il se soit poursuivi durant quelques années après la déclaration d’abolition).
Zanzibar sous protectorat britannique
En 1890, le sultanat de Zanzibar est proclamé protectorat britannique. Mais à la mort du sultan au pouvoir en 1896, le palais royal est saisi par Khalid Ibn Barghash qui s’autoproclame sultan. Les Britanniques attaquent alors le palais et démettent Ibn Barghash. Ils installent ensuite un sultan de leur choix et la domination britannique par le biais-alibi d’un sultan devient la norme.
En 1897, le nouveau sultan met fin à la réputation de Zanzibar comme centre de commerce d’esclaves en interdisant définitivement l’esclavage et en libérant tous les esclaves de l’île.
En 1913, les Britanniques nomment leurs propres gouverneurs et mettent en œuvre d’importantes initiatives en matière de santé publique, telles que la construction d’un réseau d’égouts et l’élimination correcte des déchets.
Zanzibar, une région semi-autonome de Tanzanie
- Indépendance en tant que membre du Commonwealth avec un sultan au pouvoir. En 1964, le gouvernement de Zanzibar a été renversé par une « révolution de palais » menée par 600 zanzibaris ! Le sultan est déposé et une nouvelle République populaire de Zanzibar et de Pemba est proclamée. Des milliers de civils arabes et indiens sont assassinés, expulsés ou voient leurs biens confisqués.
La même année, Zanzibar et le Tanganyika continental fusionnent pour former la République unie du Tanganyika et de Zanzibar. Quelques mois plus tard, elle est rebaptisée République de Tanzanie. A ce jour, Zanzibar est restée une région semi-autonome de la Tanzanie.
Quelles langues parle-t-on à Zanzibar ?
On parle de la langue swahilie alors que l’on devrait parler des langues swahilies car il s’agit d’un groupe de langues bantoues de l’Afrique de l’Est. Ces langues possèdent des aspects communs notamment en ce qui concerne le vocabulaire, ce qui permet aux différents locuteurs de se comprendre plus ou moins au cours d’une conversation. Cependant, la communication est incomplète et on peut même évoquer l’incompréhension dans certains cas, du fait de la grande variété linguistique qui existe.
Le swahili est la langue la plus parlée en Afrique subsaharienne, elle sert de langue de communication dans une vaste région d’Afrique de l’Est ; elle a été adoptée comme langue nationale au Kenya, au Congo Kinshasa et en Ouganda et comme langue officielle de facto en Tanzanie, donc à Zanzibar. Par rapport aux autres langues du même groupe, le kiswahili (autre appellation du swahili) présente de nombreux emprunts notamment à la langue arabe.
Origine des langues swahilies
Le proto-swahili, c’est-à-dire l’ancêtre des langues swahilies n’a pas encore une origine bien établie. On attend encore les résultats des fouilles archéologiques qui viendraient confirmer l’une ou l’autre des nombreuses hypothèses en circulation dans les milieux des chercheurs.
Il existe cependant un point commun pour la localisation des régions proposées concernant l’origine du swahili : il s’agit chaque fois de la même région qui comprend la côte au sud de l’actuelle Somalie et la côte nord de l’actuel Kenya, ainsi que les différentes îles attenant à cette bande côtière.. Le terme vient du pluriel du mot arabe sâhel qui donne sawâhel et qui signifie « côte », « rivage ».
Les commerçants musulmans qui sillonnaient la côte ont contribué à la diffusion de la langue swahilie à l’intérieur du continent tout le long des pistes marchandes des caravanes en l’utilisant comme langue de communication entre les différentes communautés.
La langue swahilie s’est diversifiée au cours des siècles selon les pays et les différentes îles au large des côtes kenyanes et tanzaniennes. Ces langues multiples ne sont alors, sur le continent, que rarement maternelles, mais plutôt langues de communication pour faire du commerce ou voyager.
Comme on l’a vu, le mot sawahil ou swahil signifie au pluriel en arabe « côtes ». Le i final de swahili en fait un adjectif de relation : « sahélien » : qui provient de la côte ou lui appartient.
On pourrait donc traduire les langues swahilies par langues de la côte ou côtières. Au XIX ème siècle, ces langues se sont déplacées largement vers l’intérieur du continent.
Religion et croyances
Zanzibar faisant partie de la Tanzanie, il faut savoir que la liberté de culte est reconnue dans ce pays, aussi bien par le gouvernement central que par le gouvernement semi-autonome de Zanzibar. Cela est reconnu comme un droit fondamental. Les autorités de Zanzibar nomment cependant les responsables religieux musulmans. Les instances juridiques de Tanzanie et de Zanzibar sont laïques, mais les musulmans ont la possibilité de recourir aux tribunaux religieux pour des affaires familiales, par exemple.
La religion la plus importante en Tanzanie est le christianisme. Mais depuis 1967, le gouvernement élimine des statistiques les questions religieuses lors des recensements. Ce qui fait que la taille de chaque religion est relative, approximative. Le pays compte environ 62 millions d’habitants (sans la diaspora) et il y a d’importantes minorités musulmanes et animistes.
On estime cependant, d’après plusieurs enquêtes que 60% de la population est chrétienne, 36 % musulmane, 2 % pratiquent des religions traditionnelles (croyances locales) et 2 % ne sont affiliés à aucune des trois mouvances.
La plupart des musulmans habitent sur la côte, autour de Dar as-Salaam. L’Islam est pratiqué par les Arabes et les swahilis de souche. En témoignent les nombreuses mosquées éparpillées un peu partout sur le territoire, dont la mosquée Kizimkazi dans le sud de Unguja. C’est durant la domination du sultanat d’Oman que l’Islam a fait sa grande entrée dans le territoire, ralliant alors des centaines de milliers de fidèles.