littérature arabe médiévale: rareté des œuvres de fiction

Oct 30, 2020 | Culture arabe, Littérature arabe

 

Rareté des œuvres de fiction dans la littérature arabe médiévale

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L ‘aspect le plus frappant dans la littérature arabe médiévale est l’absence quasi totale d’œuvres de fiction. Le roman et la nouvelle ne sont rentrés comme genres littéraires dans les habitudes que très tardivement, avec la Nahda, empruntés directement à l’Occident.

Globalement, Kalila et Dimna , le genre appelé maqâmât (séances), qu’on verra plus loin et les Mille et une Nuits sont les seules œuvres qu’on pourrait désigner de « fiction » au sens moderne du terme. Néanmoins, l’immense littérature médiévale est riche du point de vue des sujets abordés, souvent sans  » censure  » ni tabous.

Le Kitab-al-Fihrist , oeuvre d’un libraire Baghdâdî , Ibn al-Nadim est un catalogue de tous les livres disponibles à la vente à Bagdad et il donne une fascinante vision d’ensemble de l’état de la littérature de cette époque. Une des formes de littérature les plus fréquentes durant la période des Abbassides fut -comme on l’a vu- la compilation. Il s’agissait de collections de faits, d’idées, de poèmes et d’histoires instructives traitant d’un seul thème à la fois et recouvrant des sujets aussi divers que la maison et le jardin, les femmes, les resquilleurs, les aveugles, la jalousie, les animaux et l’avarice. Les trois dernières de ces compilations furent écrites par al-Jahiz, un maître incontesté du genre.

Ces collections furent très utiles aux nadim (compagnon d’un chef ou d’un noble) dont le rôle était souvent de régaler leur maître avec des histoires et des nouvelles utilisées pour distraire ou pour conseiller. Un autre type d’œuvre fut associé de près aux collections : il s’agit du manuel, dans lequel les écrivains comme ibn Qutaybah donnèrent des instructions sur des sujets comme l’étiquette, la manière de gouverner, d’être un bon bureaucrate et même d’écrire. Ibn Qutaybah écrivit également l’une des toutes premières histoires du peuple arabe en puisant à la fois dans les histoires bibliques et dans les contes populaires, mais aussi et surtout en se référant aux événements historiques.

Le thème de la sexualité fut fréquemment exploré dans la littérature arabe. Le ghazal ou poème d’amour a une longue histoire, étant parfois tendre et pur, et à d’autres moments beaucoup plus explicite. Dans la tradition soufie, les poèmes d’amour connaîtront une large portée mystique et religieuse. Des guides sexuels furent également rédigés, comme « Le jardin parfumé », le Tawq al-hamamah (« Collier de la colombe ») de ibn Hazm et le Nuzhat al-albab fi-ma la yujad fi kitab (« Jubilation des cœurs concernant ce qui ne sera jamais trouvé dans un livre ») de Ahmad al-Tifachi. D’autres ouvrages s’opposeront à de telles œuvres, comme le Rawdat al-muhibbin wa-nuzhat al-mushtaqin (« La prairie des amoureux et la distraction des amoureux éperdus ») de ibn Qayyim al-Jawziyyah, qui donne des conseils sur la manière de séparer l’amour et la luxure et ainsi d’éviter le péché.

Les mille et une nuits comme oeuvre littéraire fictionnelle

Il y a comparativement peu de fiction en prose dans la littérature arabe classique, bien que de nombreuses œuvres non-fictionnelles contiennent de courtes histoires. Une large proportion de celles-ci ont probablement été inventées de toutes pièces ou embellies. Les contes des Mille et Une Nuits, qui sont parmi les plus connus de la littérature arabe et qui ont toujours un impact important sur les idées que les non-Arabes ont de la culture arabe, constituent cependant une exception notable à l’absence de fiction. Bien que considérés comme d’origine arabe, ils furent en fait développés à partir d’œuvres persanes, et les histoires elle-même ont peut-être des racines en Inde. Les histoires d’Aladin et la lampe merveilleuse et d’Ali Baba constituent de bons exemples de l’absence de prose fictionnelle populaire en arabe. Habituellement considérées comme des épisodes des Mille et Une Nuits, elles ne font en fait pas partie des contes originaux. Elles y furent incluses pour la première fois dans la traduction française des contes par Antoine Galland, qui les avaient entendus de la bouche d’un conteur traditionnel.
Auparavant elles n’existaient que dans des manuscrits arabes incomplets. L’autre personnage haut en couleur de la littérature arabe fictionnelle, Sindbad, provient bien, lui, des Mille et Une Nuits. Les Mille et Une Nuits sont généralement rangées dans le genre de la littérature arabe épique, au côté de nombreuses autres œuvres. Ce sont habituellement des collections de courtes histoires ou d’épisodes enfilés ensemble dans un long conte unique. Les versions étendues furent consignées par écrit, la plupart du temps assez tardivement, après le XIVe siècle, quoique nombre d’entre elles fussent indubitablement collectées plus tôt et que plusieurs des histoires originelles remontent probablement à l’époque pré-islamique. Dans ces collections on peut trouver de nombreux types d’histoires différentes telles que : des fables animales, des proverbes, des histoires sur le Jihad et la propagation de la foi, des contes humoristiques, des contes moraux, et même

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