L’Arabe moderne et ses contraintes dans l’enseignement

Nov 4, 2020 | Apprentissage arabe, Didactique, Enseignement arabe

Pratique de l’oral et marques flexionnelles

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Par M. Boudaakkar

L’arabe moderne se distingue notamment par sa tendance à ne pas réaliser à l’oral toutes les marques flexionnelles et à conserver celles qui sont lexicalisées et celles qui ont une marque écrite (pluriel masculin externe, duel, pour le nom et pour le verbe).

Très schématiquement, notre enseignement actuel prend en compte : d’une part, à l’écrit, le respect des « règles de déclinaison » lorsque celles-ci donnent lieu à trace ; d’autre part, à l’oral, la réalisation des voyelles brèves  casuelles uniquement dans les cas incontournables de flexion (annexion + pronom personnel suffixe, verbe + pronom personnel suffixe). Concrètement, voyons comment dans notre enseignement le système des déclinaisons nous interpelle régulièrement et dans quels cas, en ayant en vue les problèmes d’expression que cela entraîne. À l’oral, la pratique courante de la classe dès la 1re année permet de recenser, sans prétendre à l’exhaustivité, des cas de déclinaison « obligatoires » qui s’imposent très tôt par leur fréquence et leur caractère incontournable : – les mots figés au cas direct comme les formules de politesse et les adverbes ; – ’akhû, ’abû ; – les duels, notamment en état d’annexion ; – tous les noms communs déclinables lorsqu’ils sont suivis d’un pronom affixe ; – les participes actifs de racines défectueuses.

Dans l’apprentissage scolaire, il est impératif de donner des repères stables et de proposer un système cohérent. La liberté de ton, l’aisance qui consiste à jouer avec les différents registres de la langue, sont l’apanage de locuteurs qui maîtrisent le système dans sa globalité, c’est-à-dire maîtrisent aussi bien l’arabe standard qu’un dialecte de référence, et également les variétés intermédiaires qu’on appelle arabe moyen.

Il faut distinguer d’une part l’expression orale (échanges oraux spontanés, débat, exposé…) et l’autre part la lecture oralisée. La lecture à haute voix de textes non vocalisés pose deux séries de problèmes aux élèves :

– l’absence des voyelles brèves internes qui peut rendre difficile la lecture de tout mot nouveau ou peu entendu (ce qui est un problème distinct de celui de l’i‘râb ) ;

– le phénomène des flexions. Cette double difficulté peut inhiber les élèves et leur faire redouter la lecture oralisée !

Il n’est nullement question de revenir sur les choix pédagogiques qui sont ceux des programmes. Il nous semble seulement que, pour résoudre le problème de la maîtrise de l’i‘râb en expression (orale et écrite), il faudrait une ou plusieurs étapes supplémentaires. On pourrait proposer l’introduction, dès le début et tout au long de l’apprentissage, de l’écoute de textes littéraires (contes, poèmes, morceaux d’adab, nouvelles, extraits de romans) respectant au maximum les règles de l’i‘râb, écoute suivie d’une lecture oralisée et éventuellement d’une mémorisation totale ou partielle.

Entendons-nous : la priorité reste à l’arabe moderne, réalisé oralement sans flexions systématiques. Si, à titre d’exemple, avec des débutants nous proposons de travailler sur des dialogues programmés, il n’est nullement question de faire dialoguer des personnages contemporains avec des flexions ! Mais en attendant que l’ensemble du dispositif prévu se mette en place, que l’élève soit peu à peu confronté au phénomène des flexions, il nous semble utile et fort rentable de l’immerger régulièrement et assez tôt dans un « bain linguistique » où les voyelles casuelles seraient naturellement réalisées. Il s’agit là d’acquérir L’i‘râb.

La langue arabe, dans sa forme classique, est une langue à flexion, mais sa syntaxe n’est pas purement casuelle, elle est également positionnelle.

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