LE CHEIKH NEFZAOUI
الشيخ النفزاوي
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La Prairie Parfumée
Cheikh Nefzaoui , aussi connu sous le nom de Umar ibn Muḥammad al-Nefzaoui ou Muḥammad ibn Muḥammad al-Nafzawi, est un auteur qui s’est spécialisé dans l’érotologie en en faisant une science à part entière et dans le but d’apporter santé et bonheur à ses concitoyens. A prtir du 15ème siècle.. Il serait né dans la tribu berbère des Nefzaouas, d’où son nom (nisba), dans le sud de l’actuelle Tunisie.
Aux alentours de l’année 1420, , il rédige, à la demande du souverain Hafside (1) de Tunis Abû Fâris `Abd al-`Azîz al-Mutawakkil, La Prairie parfumée où s’ébattent les plaisirs (الروض العاطر في نزهة الخاطر) plus communément appelé La Prairie Parfumée. Ce livre est un manuel d’érotisme où tout ce qui concerne les rapports amoureux et l’acte sexuel est savamment répertorié.
Cet ouvrage jouit d’une réputation établie dans l’ensemble du monde arabe semblable à celle qui fait la notoriété des 1001 Nuits avec en plus l’aura du Cheikh et du savant. Nefzaoui dit n’éprouver aucune honte lorsqu’il s’agit de transmettre aux jeunes générations une éducation sexuelle fiable.
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Extraits choisis
CHAPITRE XVII
COMMENT DENOUER L’ORGANE VIRIL NOUE.
TROIS CAS A CONSIDERER:
Apprends ô vizir- que Dieu te prenne en sa miséricorde- que trois situations se présentent lorsque l’organe viril est noué : ou bien il ne bouge absolument pas, ou bien il bouge mais pas assez ; ou bien il lance son jet très vite, et puis se noue.
Pour le premier cas, on fait la préparation suivante : on prend du rhizome de galingale indienne, de la noix d’Abyssinie , de la noix de muscade, du cinnamome , du piment de Perse, du cubèbe indien , des feuilles de frêne, de la cardamome, de la graine de tamarin, de l’aristoloche, des fleurs de girofle.
On broie le tout pour obtenir une poudre fine , que l’on délaie dans du bouillon, de préférence de poule ou de poulet. Puis, on se laisse imprégner du fumet de cette soupe, avant de la manger. Il est recommandé, avant de prendre cet aliment, de couvrir hermétiquement cette marmite en terre , de se pencher au dessus en plaçant une couverture sur sa tête, et d’enlever le couvercle pour aspirer par inhalation le fumet qui se dégage. Si l’on veut, on peut mélanger intimement les ingrédients que nous avons cités avec du miel, et en manger le matin et le soir en conservant le tout à portée de main.
Si l’instrument viril ne remue que faiblement, puis se noue, on emploiera la formule suivante : de l’aristoche avec des céréales en herbe brûlées, un peu de cévadille, du gingembre vert, de la cannelle mekkoise, de la cardamome, le tout broyé et mélangé à du miel. Dès lors, l’instrument ne se nouera plus et sa faiblesse disparaîtra.
Dans le cas où l’organe viril lance son jet trop rapidement, on prendra du benjoin et de la noix muscade, on les réduira en poudre et on les mélangera à du miel. Il suffira d’en lécher un peu de temps en temps – mais c’est Dieu qui nous assiste pour parvenir à la vérité.
CHAPITRE XVIII
CE QUI PEUT FAIRE GRANDIR LE PETIT INSTRUMENT ET LE RENDRE VOLUMINEUX
Apprends ô vizir – que Dieu te prenne en sa miséricorde – que ce chapitre, consacré au grossissement du sexe viril, est utile aux femmes aussi bien qu’aux hommes . En effet, le cas se pose chez beaucoup d’hommes , or le sexe petit est désagréable aux femmes , lors de la conjonction , comme le sexe débile qui pendouille, le plaisir de la femme logeant dans un sexe robuste, grand, ferme.
Celui qui a un sexe petit, et qui veut le faire grandir et se fortifier en vue de la conjonction , qu’il le plonge auparavant dans de l’eau tiède, afin qu’il devienne rouge , que le sang circule en lui, qu’il s’échauffe et se dilate. Ensuite, il le frottera avec de la gelée de gingembre et s’avancera pour l’opération. La femme trouvera en cet instrument un plaisir intense, à tel point qu’elle ne se résoudra plus à laisser l’homme descendre de dessus d’elle.
S’il veut, il peut prendre aussi du piment, de la tulipe sauvage, du rhizome de galingale , en quantités de poids égales , les réduire en poudre, les passer au tamis et les pétrir avec de la gelée de gingembre. Il en frottera son sexe après l’avoir plongé et massé dans l’eau tiède. Alors ce sexe grossira, grandira et la femme ressentira un grand plaisir à l’employer.
Autre procédé : il prendra de l’eau tiède dans laquelle il aura mis des vers de terre et en frottera son sexe. Puis il enroulera autour de celui-ci, une étoffe de lin imbibée d’huile chaude. Il fera cela plusieurs reprises . Son sexe grossira et augmentera de dimension, si Dieu le permet.
Autre procédé encore : il prendra s’il le veut, les vers de terre qui sont restés dans l’eau , les écrasera, les malaxera avec de l’huile et mettra le tout à chauffer au soleil dans un récipient de verre. Puis, il étendra une toile de lin, placera dessus une couche de produit et enveloppera son sexe avec ce cataplasme tiède. Il renouvellera l’opération plusieurs fois. Et il verra alors l’instrument grossir et se développer.
CHAPITRE XIX
CE QUI FAIT DISPARAÎTRE L’ODEUR DESAGREABLE DE l’AISSELLE ET DE L’HUIS.
CE QUI REND CELUI-CI PLUS ETROIT
Apprends ô vizir -que Dieu te vienne en miséricorde- que l’odeur désagréable de l’aisselle et de l’huis, ainsi qu’une largeur excessive de celui-ci, sont parmi les plus grands des malheurs. Si tu veux faire disparaître une pareille odeur, tu fabriqueras le produit suivant : tu prends de la myrrhe rouge, tu la réduit en poudre, tu la fais passer au tamis et tu la pétri avec de l’eau de myrte. Tu façonnera ensuite ce produit en boulettes , que tu enfermeras dans une poche de laine. La femme portera sur elle la bourse ainsi faite en prenant bien soin de renouveler souvent sa provision de boules. Son huis sera débarrassé de tous effluves désagréables.
Autre composition semblable : on prend de la tulipe sauvage, on la broie, on la dilue dans de l’eau de rose de bonne qualité et on la pétrit. On y plonge une étoffe de laine , on la laisse s’imprégner du produit et on l’applique sur l’huis qu’elle chauffe en l’asséchant, le débarassant ainsi de l’odeur mauvaise qui s’y trouve.
Pour rétrécir un huis de trop vaste ouverture, on dilue de l’alun ans l’eau, et la femme s’en sert pour laver l’intérieur de son appareil en le mélangeant avec câpres. Résultat : l’huis se rétracte.
Pour obtenir la contraction de la chair excédente, on fait cuir des caroubes sur un feu doux, après en avoir enlevé les pépins ; on y ajoute des écorces de grenades, on dilue avec beaucoup d’eau et la femme y prend un bain de siège qui devra durer un certain temps dans la mesure du possible. Quand l’eau se refroidira, elle la remettra à chauffer, et s’y assoira de nouveau. Ensuite, elle fera des fumigations à bas d’excréments de bovins. Et la chair en excédent se rétrécira après ces opérations. Si le Dieu Très-Haut le permet.
Pour ôter les odeurs de moisissures aux aisselles, prendre enfin de la moutarde sauvage et du musc, les écraser, les mettre dans un plat, verser doucement de l’eau et gratter légèrement le fond. Quand on voit le liquide rougir, on en prend un peu, et on humecte l’aisselle. L’odeur de la moisissure disparaît. A ce moment, on enduit de crème l’aisselle . Le procédé a été expérimenté et l’effet en est réel.
CHAPITRE XXI
L’UTILITE DE L’ALIMENTATION AVEC DES ŒUFS.
Apprends ô vizir – que Dieu te prenne en miséricorde – que ce chapitre présente des indications d’une grande utilité, comme celles qui concernent le réconfort du vieillard âgé en vue de la conjonction , ainsi que celui du jeune adolescent. Le cheikh, donneur de bons conseils aux créatures de Dieu , a dit ceci : celui qui prend de façon régulière, quotidiennement, le jaune d’œuf sans le blanc, excite en lui le désir de conjoindre. S’il le mange à des oignons pilés, durant trois jours de suite, son excitation est encore plus grande.
Une bonne recette pour bander facilement et produire en grande quantité la semence, si Dieu le veut, prendre du lait suivant le volume désiré, y mettre des dirhams de cinnamome en poudre et des asperges bouillies ; faire cuir le tout sur le feu avec du beurre, des épices et des substances aromatiques en poudre. Manger de ce met durant une certaine période. Il fortifie pour la conjonction, excite le désir sexuel et exacerbe le penchant pour l’acte de chair.
Autre recette : broyer des oignons, les placer dans une marmite en terre, y ajouter du beurre frais ou de la crème en abondance , faire bouillir jusqu’à ce que les oignons soient cuits, verser dessus du miel de façon à couvrir le tout, mélanger. La nuit qui suivra ce repas verra le sexe éveillé jusqu’au matin.
LES BOISSONS QUI PEUVENT AIDER A MENER NORMALEMENT LA CONJONCTION.
(…) Quant aux boissons qui excitent en vue des opérations de conjonction, nous nous bornons à citer celle-ci : on broie des oignons, dont on extrait le jus. On en prend une mesure pour deux mesures de miel écumé sur le feu. On mélange le tout et on fait cuir sur feu doux jusqu’à ce que le jus d’oignon soit absorbé par le miel, devenu à son tour très liquide. On ôte la préparation du feu, on la fait refroidir et on la place dans un récipient en verre jusqu’au moment de l’emploi. On prend alors le poids d’une okke que l’on mélange avec trois okkes d’eau dans laquelle des pois chiches ont trempé une nuit et un jour.
On boit cette potion pendant les nuits d’hiver avant que vienne le sommeil. Si quelqu’un est de tempérament chaud, il n’en boira pas car cela pourrait lui donner des calculs aux reins. De toute façon, on en prendra pas plus de trois jours de suite, sauf si l’on est un vieillard âgé et de tempérament froid ; enfin , cette potion ne devra pas être absorbée durant l’été.
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Editions Phébus, 1976
Traduction : R. Khawam