Presse arabe et médias nouveaux: libertés et contraintes

Oct 28, 2020 | Presse arabe

Médias nouveaux, entre libertés et censures

Par Mahfoud Boudaakkar

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Contrairement à la presse occidentale écrite et audiovisuelle qui a évolué plutôt dans un mouvement rectiligne, profitant à chaque étape des innovations technologiques qui la rendent de plus en plus performante et accessible au plus grand nombre; la presse arabe, tous supports confondus, plus récente et donc plus jeune et inexpérimentée dans un premier temps a connu une évolution chaotique, faite d’avancées et de reculs, de conquêtes en matière de libertés suivies de « reprises en main » par les autorités des différents pays, de conquêtes en matière d’équipements modernes et de formations de cadres et de journalistes à la hauteur des défis contemporains.

Une presse héritée de la période coloniale et toujours sous grande influence occidentale

Le poids réel de la presse arabe

Quel est le poids réel de la presse arabe, écrite et audiovisuelle sur l’opinion publique arabe ? Quel est son impact réel sur ce qu’on appelle encore dans les pays arabes « les masses populaires » ?

Comment définir sociologiquement ces « masses », dans la mesure où peu d’études sociologiques dignes de ce nom nous en donnent des définitions rigoureuses, faute de statistiques sérieuses et surtout du fait de profondes « révolutions » sociales rapides qui transforment, à chaque décennie, le paysage social.

En quelques 20 années, la Tunisie par exemple a réussi à créer une véritable classe moyenne, affairiste et dynamique, exigeante même sur le plan culturel ; l’Algérie, plus avantagée géographiquement, démographiquement, et du point de vue des richesses naturelles, notamment en hydrocarbures, a réussi à liquider la sienne, en la paupérisant, y compris sur le plan intellectuel !

Comment cela se passe aux pays du Moyen-Orient où le taux d’analphabétisme est peut-être un peu moins important qu’au Maghreb, mais où il reste tout aussi impressionnant ? Quel est l’impact réel de la presse écrite et celui des médias audiovisuels qui n’ont pas recours à la langue écrite savante ; mais qui utilisent en revanche une langue orale littérale ou « médiane » ?

Dans ce dossier, fort complexe et unique en son genre, nous allons essayer d’apporter quelques réponses à toutes ces questions et en aborder d’autres. Si des visiteurs-lecteurs amateurs de la presse arabe veulent nous écrire, pour apporter leurs contributions, ou nous faire part d’une opinion, ils sont les bienvenus. Un formulaire de contact est à leur disposition.

Naissance de la presse arabe

Le rôle de la Nahda

L’un des premiers journaux…

Il n’est pas faux de dire que la presse arabe moderne est fille de la nahda (Renaissance Arabe). On peut grossièrement la situer vers les années 30 du siècle dernier. Bien sûr, les prémices sont bien antérieures : En Egypte, déjà à partir de 1840, les dirigeants turcs – mamelouks- se faisaient remarquer par une certaine ouverture d’esprit, et la majorité des journaux étaient déjà rédigés en Arabe.

Les premières imprimeries

Imprimerie Boulaq, Egypte : une pionnière

Le Liban a eu sa première imprimerie en 1697 et en Egypte, les imprimeries héritées de la campagne de Napoléon allaient transformer profondément les relations sociales et entamer un grand réveil culturel. Toujours en Egypte, Mohammed Ali, fait carrément commander une imprimerie qu’il fait installer dans le quartier de Boulaq et qui produira entre autre le premier ouvrage des milles et une nuits qui jusque là circulait surtout sous forme orale ! Avec l’essor de l’impression, la presse pouvait se développer et permettre aux élites de s’exprimer , de faire connaître l’Europe et sa littérature.

Les premiers journaux

Le premier journal officiel, al-waqâi’ al-masriyya est paru le 3 décembre 1828, en arabe et en turc. Au Liban , en 1859 est crée le premier périodique privé : hadîqat al-Akhbâr (le Jardin des Nouvelles). En 1876 apparaît l’emblématique al-Ahrâm. Wâdi an-nîl (la Vallée du Nil) , considéré comme le premier périodique égyptien voit le jour en 1870…

La presse a joué un rôle très important dans la prise de conscience nationaliste, mais a aussi profondément influencé l’évolution de la langue arabe en la libérant peu à peu de ses archaïsmes et de ses tournures classiques. C’est dans cette jeune presse que se développaient les tribunes politiques et les grands débats de société. Ce mouvement culturel a favorisé l’émergence d’une intelligentsia « moderniste » qui allait révéler de profondes divergences entre tenants de la modernité et les « traditionalistes », allant jusqu’à remettre en cause le pouvoir exorbitant de la prestigieuse institution d’Al-Azhar, véritable état dans l’état.

Au Maghreb :

Au Maghreb, les choses se sont passées de manière différente : la presse est en effet restée jusqu’à la fin des années 50 totalement concentrée entre les mains d’éditeurs étrangers ; à l’exception de quelques publications locales épisodiques. De plus, dans cette région, la langue arabe était quasiment bannie du fait de la politique coloniale et de l’administration et dans les journaux et périodiques.

Naissance et évolution de la presse arabe moderne

 

C’est lors de la guerre en Afghanistan en 2001 que l’opinion publique mondiale a découvert, ébahie, l’existence d’une chaîne transnationale d’information arabe, Al-Jazeera. Deux ans plus tard, sur le terrain irakien cette fois, elle se familiarisa avec d’autres networks arabes tels que Abou-Dhabi TV, Al-’Arabiya ou LBC-Al-Hayat. Pourtant les chaînes panarabes ne sont pas nées hier : elles apparaissent au cours des années 1990, peu après la guerre du Golfe. L’espace médiatique arabe s’est alors transformé de façon radicale pour mettre en compétition une pluralité d’acteurs : télévisions

hertziennes ou satellitaires, nationales, panarabes ou étrangères, publiques ou privées, généralistes ou thématiques, qui se sont multipliées de manière exponentielle et en un temps record. Une lutte d’influence est en cours pour capter l’audience arabophone : à côté des chaînes arabes, une chaîne américaine arabophone, financé par le Congrès, Al-Hurra (« La Libre ») a été lancée en 2004. La France n’est pas en reste avec notamment France 24 :https://www.france24.com/fr/infocontinu.

Chute du mur de Berlin, guerre du golfe et presse arabe

C’est lors de la guerre en Afghanistan en 2001 que l’opinion publique mondiale a découvert, ébahie, l’existence d’une chaîne transnationale d’information arabe, Al-Jazeera. Deux ans plus tard, sur le terrain irakien cette fois, elle se familiarisa avec d’autres networks arabes tels que Abou-Dhabi TV, Al-’Arabiya ou LBC-Al-Hayat. Pourtant les chaînes panarabes ne sont pas nées hier : elles apparaissent au cours des années 1990, peu après la guerre du Golfe. L’espace médiatique arabe s’est alors transformé de façon radicale pour mettre en compétition une pluralité d’acteurs : télévisions hertziennes ou satellitaires, nationales, panarabes ou étrangères, publiques ou privées, généralistes ou thématiques, qui se sont multipliées de manière exponentielle et en un temps record. Une lutte d’influence est en cours pour capter l’audience arabophone : à côté des chaînes arabes, une chaîne américaine arabophone, financé par le Congrès, Al-Hurra (« La Libre ») a été lancée en 2004. La France n’est pas en reste avec notamment France 2.

:https://www.france24.com/fr/infocontinu.

Pour les médias arabes: l’ouverture

L’émergence de chaînes satellitaires arabes puissantes, vite relayées par la toile, bien équipées, avec du personnel très bien formé professionnellement avant et durant cette seconde guerre a permis enfin d’allumer de sérieux contre-feux par rapport à l’hégémonisme à la fois des chaînes étatiques et des médias occidentaux et surtout américains.

https://www.alarabiya.net/ La presse écrite privée n’est pas en reste : le journal al-Ahrâm tire en Egypte à plus de 600 000 exemplaires ; en Algérie, une bonne dizaine de journaux indépendants tirent à plus de 100 000 copies (l’Algérie qui comptait plus de 95% d’analphabètes à l’indépendance !). Le Liban a retrouvé peu à peu la presse libre et dynamique qui faisait son prestige jusqu’à la guerre civile au milieu des années 70. Au Maroc, l’essor de la presse écrite est évident, avec des espaces de libertés nouveaux depuis l’accession au trône de Mohammed VI. Il y a évidemment aussi la presse arabe publiée à Londres, ach-Charq al-Awsat, al-hayât, al-Wassat et d’autres titres largement diffusés dans le monde.

http://english.ahram.org.eg/ Les saoudiens ont été les premiers à financer une télévision par satellite afin d’étendre leur influence dans le monde arabe. Basée à Londres, MBC a bénéficié du savoir-faire des producteurs britanniques, mais aussi des meilleurs journalistes du monde arabe, maghrébins et mashrékins, attirés par des salaires et des conditions de travail qu’ils ne trouvent pas dans leurs pays. Aujourd’hui, peu d’observateurs occidentaux connaissent l’existence de MBC et son impact sur le paysage audio-visuel arabe, tant elle a été supplantée par l’irruption de la chaîne al-Jazîra, puis al-Arabiyya, sans parler des chaînes nationales  » officielles « , désormais présentes sur les satellites.

Presse arabe et journaux en ligne

La plupart des sites arabes en ligne consacrent une page de presse qui rend compte 24 h/24 des actualités arabes et internationales. On y trouve des informations locales concernant chaque pays arabe, ainsi que des nouvelles, des chroniques et des articles classés dans des rubriques spécifiques : politiques, économiques, culturelles, sportives, etc. Vous trouverez ci-après la plupart de ces sites accessibles par le Net.

Middle East Online http://www.middle-east-online.com/

Aljazeera http://www.aljazeera.net/

Lire l’étude proposée par CNRS Editions

https://books.openedition.org/editionscnrs/2360

La presse arabe dite indépendante

Il y a une vingtaine d’années une presse arabe plus ou moins indépendante a émergé, dans la foulée du vent de libéralisme qui a soufflé sur l’ensemble du monde arabe .

– Il y a désormais une presse arabe plus ou moins indépendante, selon les pays, écrite et audio-visuelle. Des chaînes télé privées, des médias plus ou moins indépendants sur la toile.

– Les journalistes arabes sont formés dans de très bonnes écoles dans leurs différents pays , mais sont souvent envoyés avec des bourses d’études pour se perfectionner en Europe, généralement en France pour les Maghrébins, en Grande Bretagne pour les orientaux.

L’influence de la BBC

– En matière audio-visuelle , la BBC , pionnière dans le domaine de la formation des journalistes originaires du monde arabe , avec son style très british a conservé le monopôle des coeurs chez les organismes de formation arabes dans le domaine , tout pays confondus. Une majorité des journalistes audio-visuels arabes ont été formés à l’école british. Cela se voit à leurs postures , leur débit très accéléré, leur professionnalisme un peu froid , mâtiné d’une certaine « grandiloquence » arabe agaçante qui refroidit le simple citoyen arabe qui n’a pas eu la chance d’aller à l’école.

Presse arabe à Londres

http://www.alquds.co.uk/

http://www.aawsat.com/

L’influence des grandes agences d’information

– la plupart des journaux arabes écrits, n’ayant que peu de moyens reprennent tout simplement des dépêchent d’agences internationales dont l’AFP, intégralement avec des traductions automatiques, qui font que mêmes arabisants, nous avons souvent du mal à suivre ! Pour décoder, il faut en fait connaître le Français et/ou l’Anglais. Il en est de même pour les agences nationales étatiques d’information n’ayant ni la taille, ni les moyens, ni les compétences des grandes agences internationales.

  • Agence de presse syrienne SANA :
  • http://www.sana.org/
  • – Agence de presse jordanienne PETRA :
  • http://www.petra.gov.jo/
  • – Agence de presse irakienne :
  • http://www.uruklink.net/iraqnews/index.htm
  • – Agence de presse Saoudienne SPA :
  • http://www.spa.gov.sa/

Agence France Presse (AFP) en arabe :http://www.afp.com/arabic/home/

CNN en arabe :http://arabic.cnn.com/

BBC en arabe :http://news.bbc.co.uk/hi/arabic/news/default.stm

Les grands magazines arabes

Un grand nombre de magazines en langue arabe, de très bonne qualité en contenus et forme (dont de très élégants magazines féminins, à la fois très sérieux et osés dans les limites des règles de pudeur propres à la culture arabo-musulmane) ) sont édités en Grande Bretagne et en France avec des équipes de journalistes et de spécialistes techniques mixtes.. Mixtes, au sens de la provenance des journalistes, leurs formations et en termes de parité hommes-femmes ! 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 

 

 
 
 

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